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chronicae bruxellensis
9 décembre 2005

Toucher le kurde

La fréquentation des peuples étrangers, l’étude de leurs coutumes et de leurs moeurs constitue l’exercice le plus nécessaire à l’édification des esprits modernes et cosmopolites. Que le lecteur me permette de l’en convaincre par la relation d’un épisode de mon dernier voyage dans la Turquie d’Asie.
Nous traversions le Kurdestan et je m’étais lié avec mes compagnons de route, pour la plupart Kurdestanais et Turcomans. Ceux-ci me traitaient fort civilement car les usages de cette région, et de bien d’autres régions encore, exigent de témoigner des plus hauts égards envers les étrangers. Tous me comblaient de marques de bienvenue et complimentaient ma mine avenante. Les plus traditionalistes m’appliquaient des grandes tapes dans le dos en me traitant de damat, ce qui veut dire beau-fils, sans doute parce que j’ai épousé une de leurs compatriotes.
Apprenant que je venais de Belgique, ils discutaient entre eux de la langue pratiquée chez nous, lorsqu’un des leurs se leva et déclara à ses collègues que les Belges parlent le kurde. D’ailleurs, il avait rencontré récemment des sujets de ce royaume qui ne le comprenaient pas quand il s'exprimait en turc ou en anglais, alors qu’il se faisait entendre lorsqu’il s’adressait à eux en kurde. Il termina son discours en me pinçant la joue avec cette amabilité bourrue si typique des natifs de la région, et de bien d’autres régions encore.
Je me surpris à rêver quelques instants au bénéfice que tirerait notre nation de l’adoption d’une telle langue en remplacement de nos dialectes, éternels sujets de controverses. Mais je me rappelai qu’il existe quatre variantes du kurde et que connaissant l’âme belliqueuse de nos compatriotes, on n’était pas sortis de l’auberge. Décidément, ce pays est bien compliqué.

J’ai bien l’honneur de vous saluer. 

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