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chronicae bruxellensis
25 avril 2006

La langue bruxelloise

Le web regorge de lectures salutaires parmi lesquelles on compte le blog des correcteurs du Monde que vous consulterez régulièrement si vous espérez conserver mon estime. Vous y lirez notamment un article du 28 décembre dernier où l’on parle des mots à la con que répertorie l’ouvrage de Pierre Merle[1].
Malheureusement, cet intéressant article oublie qu’à Bruxelles les mots, et expressions, à la con sont aussi de rigueur. Un exemple remarquable est blindé pour plein ou plein de comme dans : y avait blindé de gens dans le 71 (septante et un) que l’on traduira par : le bus 71 (septante et un) était plein à craquer.
Allochtone est aussi un mot à la con. C'est un synonyme de étranger provenant d’un pays pauvre et remplace le terme bougnoule dans les discours politiques de droite.
Les allochtones eux-mêmes font usages de mots à la con, à l’instar ces deux adolescents qui ponctuaient leur discours de tu vois comment particulièrement agaçants. Ce qui donnait :

- Comment t’vas faire pour l’interro d’math ?
- Mais j’vais masquer, j’vais dire qu’j’étais malade, tu vois comment.
Mais les apports linguistiques étrangers peuvent s’avérer savoureux. Quand l’argot marocain et le bruxellois se rencontrent, ça donne le maroxellois que cette adolescente illustrait comme suit :
- Aïa t’sais pas, l’autre jour j’ai vu des sart chaussures à la rue Neuve.
Dans certains quartiers on entend : hade cousin, je peux rouler ton vélo ? qui est un exemple de turcoxellois. Les hispanoxellois disent : pourquoi c’est à moi qu’on accuse ? ou je me suis rencontré avec.
Mais je ne sais pas comment classer le français parlé par Véronica, eurocrate italienne (notez que les eurocrates ne sont pas des allochtones). Elle me proposait un jour de me montrer le petit félidé femelle qu’elle venait d’adopter (ce qui m'a valu des regards admiratifs et une réputation flatteuse, car il y avait des témoins) et racontait les aventures du charmant animal. Voici une extrait de notre discussion.
- Elle, en rigolant : oh, tu sais qu’elles s’est escondue sous le fauteuil !
- Moi, la reprenant : cachée, tu veux dire.
- Elle, impertubable: oui, aussi.

J'ai bien l'honneur de vous saluer.


[1] Pierre Merle, Les Mots à la con, Mango Littérature

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Commentaires
B
Moi je suis bruxellois et je sais que je parle comme ça, mais franchement ce n'est pas fait exprès, je comprends pas bien le sens de ton texte, est-ce une critique ? Je suis sûr que tu connais pleins de gens qui parle comme ca et alors ??<br /> Parce que de toute façon dans chaque ville, chaque bled il y a des mots et des expréssions différentes, certaines personnes veulent parler comme au moyen age mais bon le temps passe et on est au 21s, les langues évolues et encore heureux !!! Tu vois comment cousin ?!!! Vive Bruxelles et Allé L'Union...
M
Inestimable bonheur du barbarisme.<br /> Sourire, comme on dit par chez nous, c'est bon à la santé.<br /> Quant aux politiques qui, usant de l'allochtone, se prennent pour de (blanches) lumières, ils oublient, sans doute, que l'allochtone, seul, est allogène?
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