Le bruxellois au volant
Chers contemporains, car je suppose que nous sommes contemporains, je me trouve une fois encore devant l’obligation de réfuter les propos des plus illustres ethnologues et de leurs études sur les habitants de notre capitale. Une observation superficielle du comportement du bruxellois lors de ses déplacements automobiles pourrait laisser penser qu’il a le tempérament d’un paramilitaire colombien lâché dans la jungle du même nom. Et l’on se dit, non sans soulagement, que si nos compatriotes sont si prompts à manier le klaxon que la gâchette, on a bien fait d’interdire la vente des armes à feux dans notre royaume. L’expérimentation nous permet de réfuter ce préjugé. Extirpez délicatement un bruxellois de son véhicule, vous constaterez qu’il adopte immédiatement un comportement pacifique et son regard devient fuyant. Remarquez au passage qu’il agit de la même façon lors des agressions de personnes âgées dans les lieux publics. Vous pourrez remarquer également l’effet immédiat du dialogue sur le comportement du bruxellois motorisé. A titre d’exercice, essayez, par exemple, un casse-toi ou je t’arrange la gueule à coups de mawashi ou tu vas te calmer fils de pute (en brandissant une batte de base-ball bien entendu) sur l’humeur du conducteur bruxellois. Notez soigneusement les résultats.
J’ai bien l’honneur de vous saluer.