Noble Belgique, ô mère chérie...
Amis lecteurs, compatriotes de tous les pays, je ne voudrais pas vous alarmer inutilement mais la Belgique vit des heures sombres. Je vous le concède, j’écris sombres alors que je pense noires. La Belgique vit des heures si noires que la meilleure des montres suisses ne nous serait pas plus utile qu’une bougie parfumée au cours d’une expédition spéléologique. Pourtant, il ne convient pas de se laisser aller à la dite noirceur. Prenez en exemple ces dizaines de millier de Belges, car les Belges peuvent être des dizaines de millier, qui ont défilé dans les rues de Bruxelles dimanche dernier pour démontrer leur attachement raisonnable au royaume. Vous l’aurez remarqué, je n’étais pas des leurs, car une crise de paludisme me força à consacrer ce dimanche à des lectures inutiles truffées de ces expressions ampoulées et désuètes qui me font tant rigoler. Je me fais donc un devoir de rattraper mon retard en criant : vive le Belgique, terre de contrastes où la tradition s’allie à la modernité et qui renferme tant de richesses : la Grand Place de Bruxelles, la villa gallo-romaine de Basse Wavre, l’abbaye de Villers-la-Ville, les villages troglodytes du Brabant Wallon, les fermes lacustres de Marcinelles, l’ île du Moerbeek, au large de Zeebrugge, qui abrite l’unique colonie de tortues de la mer du Nord, les montagnes entourant Louvain d’où par beau temps l’on aperçoit les neiges éternelles du Coudenberg, les fameuses fresques du temple d’Apollon à Anvers-Antinople (témoignage rare et précieux de la période belgo-hellénique), les lions de Waterloo, les vestiges phéniciens du port de Ostende, les iguanodons de Bernissart…
J’ai bien l’honneur de vous saluer.